Crise de l’industrie automobile : quelles mutations à venir ?

Afin de réaliser un état des lieux objectif de l’industrie automobile, le cabinet Deloitte a interrogé plus de 120 dirigeants de grandes entreprises allemandes dans le domaine. Les avis sont particulièrement pessimistes en ce qui concerne l’avenir de ce secteur.

Pour tenter de se sortir de cette situation délicate, la priorité est à la réduction des coûts. Si cette stratégie permet de conserver sa marge à court terme, elle n’est pas viable à long terme. Le manque d’investissement dans le développement de nouveaux produits automobiles pourrait leur porter préjudice. La mutation est donc nécessaire avec l’arrivée d’innovations majeures.

Des semi-conducteurs Made In Europe

La pénurie de semi-conducteurs à l’intention de l’industrie automobile devrait se poursuivre en 2023. Tout au long de l’année 2022, cette situation a nettement freiné la production en Europe. Les usines des constructeurs resteront pénalisées une bonne partie de l’année prochaine avant d’espérer une amélioration dans le futur.

Pour faire face à ce phénomène, l’Union Européenne a investi plusieurs milliards de dollars pour relancer les filières de production locales. Lorsque ces investissements porteront leurs fruits, les demandes de semi-conducteurs seront honorées directement en Europe, relançant de fait toute l’industrie automobile. Toutefois, il faudra attendre trois ans avant que ces composants soient disponibles pour la construction de nouveaux modèles de véhicules.

La concurrence chinoise est rude sur ce marché puisque les prix proposés sont très bas. En ouvrant la voie aux importations, la Chine exerce une pression sur ces nouveaux producteurs qui devront rester compétitifs. Un choix stratégique est donc à rechercher, en valorisant notamment la production made in Europe.

À l’heure où la consommation locale prend de l’ampleur, cet argument pourrait bien convaincre des usines qui souhaitent collaborer avec des entreprises proches de chez elles et capables d’être réactives en cas de hausse des besoins.

Des lignes de production 100% électriques

Après le lancement de son modèle électrique Zoé qui remporte un franc succès, Renault Group souhaite poursuivre dans ce sens. Ce nouvel acteur de la transformation du secteur automobile encourage le recours à l’électrique avec la mise en place de lignes de production 100 % électriques dans ses usines de production.

Face aux enjeux climatiques, ces véhicules moins polluants répondent aux besoins des conducteurs. La croissance de la demande conforte le constructeur dans ce choix stratégique.

L’usine Cléon, qui occupe une place privilégiée dans l’histoire du groupe Renault, a été choisie pour initier cette transformation de l’industrie automobile. Ce site emblématique était une évidence pour initier une nouvelle révolution dans ce secteur.

Grâce à ses nouvelles lignes de production, il deviendra le plus grand centre de production de moteurs électriques en France. Cléon sera en mesure de répondre aux besoins futurs en matière de véhicules électriques.

Pour figurer parmi les nouveaux leaders des moteurs 100 % électriques et hybrides, Renault Group a investi 620 millions d’euros. Le site de Cléon sera transformé de façon à devenir un pôle d’expertise pour la production de composants électriques de haute performance. Cette transformation vise la production annuelle de 120 000 moteurs nouvelle génération dès 2024. Ce sont donc autant de véhicules propres qui seront mis sur le marché.

Pour inaugurer ces nouvelles lignes de productions électriques, l’usine de Cléon se consacrera au nouveau moteur “ePT-160kW”, conçu par les ingénieurs de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. À la pointe de la technologie, son architecture asynchrone à rotor bobiné a été pensée pour offrir plus de rendement que les moteurs électriques à aimants permanents. Ce modèle viendra ensuite équiper la nouvelle Mégane E-Tech Électrique. Cette motorisation s’annonce comme une innovation de taille, puisqu’il est plus puissant et coupleux que celui proposé pour la Zoé.

En 2027, le moteur développé par Valeo et Siemens eAutomotive pourra également être produit sur ce site.

L’hydrogène de retour dans l’industrie automobile

Depuis l’annonce du Plan hydrogène en France avec un investissement de 7 milliards de dollars sur 10 ans, nombreux sont les constructeurs qui ont lancé de nouveaux projets. Le gouvernement accompagne cet investissement de la création du Conseil de l’hydrogène, afin de faciliter le développement de la filière d’ici 2030.

Ce plan national vise le développement d’une nouvelle source d’énergie plus respectueuse de l’environnement. En développant des solutions locales, le pays ne sera pas dépendant de l’étranger. Actuellement, la France dispose d’un nombre limité de stations de distribution d’hydrogène. Pour concurrencer des pays comme la Chine, les États-Unis et la Corée du Sud, la coopération européenne est de rigueur.

Les constructeurs automobiles s’intéressent de près à l’hydrogène pour limiter les émissions de CO2 de leurs véhicules. La fin des voitures thermiques et du diesel est annoncée depuis l’entrée en vigueur de la réglementation CAFE en 2020. En 2025, la norme Euro 7 s’appliquera sur les véhicules particuliers, avant de s’appliquer également aux VUL en 2027. À terme, les véhicules hybrides risquent de se heurter à ces nouvelles exigences environnementales. L’hydrogène apparaît comme une excellente solution pour le développement de l’automobile verte.

Plusieurs constructeurs automobiles investissent massivement dans l’hydrogène afin d’utiliser cette technologie sur l’ensemble des modèles proposés d’ici 2030. Pour y parvenir, ces acteurs ambitieux devront résoudre le problème du coût de l’hydrogène, notamment pour les piles à combustible. De plus, le gouvernement devra œuvrer pour la multiplication de réseaux de ravitaillement afin que les véhicules commercialisés puissent être utilisés facilement.

Avant même que le réseau se développe, de nombreux projets sont annoncés. Toyota mise sur les stations de recharge privées pour développer son modèle Mirai. Hyundai, de son côté, vient de signer un partenariat avec Posco afin de produire 500 000 véhicules et 700 000 piles à combustible d’ici 2030. Renault, BMW et Jaguar Land Rover s’emparent déjà de cette technologie pour imaginer les véhicules du futur.

La voiture autonome, un challenge à tous les niveaux

La voiture autonome fait partie des projets les plus fous pour l’avenir de l’industrie automobile. Si cette révolution est en passe de transformer notre rapport à la conduite, sa mise en œuvre s’avère plus que complexe.

Pour fonctionner tout en veillant à la sécurité des conducteurs, ce nouveau modèle de véhicule embarque un grand nombre de softwares. La qualité et la rapidité des décisions prises par cette voiture intelligente exigent une base de données conséquente. La meilleure technologie doit donc être mise au service de ces modes de transports du futur.

La bataille fait rage chez les constructeurs pour imposer son OS propriétaire. La compatibilité ou l’intégration des autres OS du marché ne sont pas garanties sur tous les véhicules. Pour élaborer un tel concentré de technologies, les concepteurs devront également compter sur les outils des géants du numérique. Ce n’est qu’à ce prix qu’ils proposeront des modèles fiables et performants qui pourront prendre la route en toute sécurité.

L’aspect cybersécurité des voitures autonomes reste le point de vigilance sur lequel les constructeurs doivent encore s’améliorer. Avec une telle masse de données à disposition concernant le comportement du véhicule et du conducteur, la sécurité doit rester au centre des préoccupations. Les solutions externes, de type back-end externe ou cloud provider, sont aujourd’hui privilégiées pour parvenir à protéger les futurs utilisateurs.

Pour se prémunir contre les différentes cyberattaques, la filière automobile crée un espace de données sécurisé via le projet Catena-X. De cette façon, un espace dédié en matière d’hébergement, d’accessibilité et de protection des données et le secteur automobile jouit d’une véritable souveraineté en la matière.

Ce projet ambitieux facilite également les échanges entre les différents acteurs qui jouent un rôle prépondérant dans le développement de la voiture autonome.

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